DENISA CRĂCIUN - LA FLEUR DE FIGUIER

La fleur de figuier - Unicité

Denisa Crăciun - La fleur de figuier (Floarea de smochin, volum prefațat de Thomas Vercruysse și ilustrat de Elena Golub, Editura Unicité, Paris, 2022): Volumul publicat în franceză îi este dedicat marelui poet libanez de expresie franceză și s-a cerut a fi astfel scris dintr-un motiv simplu: Denisa Crăciun și Salah Stétié s-au întâlnit în apele aceleiași limbi, au navigat împreună prin aceleași furtuni, și-au găsit apa care leagă țărmurile lor, fie Mediterana, cu extensia ei, Marea Neagră, fie limba comună în care s-au diluat propriile limbi, româna și araba, imaginile unor copilării diferite, universurile lor diferite.

Aparent smochinul din titlu este arborele Mediteranei, dar titlul poartă în el o mult mai bogată semnificație. La fleur de figuier (floarea de smochin) este invizibilă. E răspândită convingerea că smochinul nu are flori. Floarea de smochin este întoarsă cu inflorescența spre interior, ea nu se vede, ea trăiește în fruct, ea este fructul. Floare de smochin este frumusețea interioară, este rod și floare deopotrivă,  depinzând de fragilitatea întâmplării, sau, după cum spun evoluționiștii, de mutualismul care face să conviețuiască arborele cu floarea resorbită împreună cu mică vietate care îi asigură polenizarea și care sfârșește strivită, digerată, de însuși fructul care a înghițit floarea. (extras din recenzia „Înflorirea interioară. Două ipostaze“, semnată de Adrian Lesenciuc, publicată în  Revista Ateneu, nr. 637, septembrie 2022)

 

DIEU

Dieu est ce pays où tu vivais
meurtri par les cris
de ton autre hôte

Invisible éclair mais foudroyant
Il est mon seul équilibre mon seul désir
au-dessus des gouffres rêvés de ce monde
où le vent se lève pour te faire renaître fleur

Ô fleur lisse et brûlante fille du fleuve
tu étais le jardin secret où j’ai vu
briller la sève de l’aube et Dieu
Dieu était ton fruit préféré


LE DHIKR DU SOLEIL

Bénédiction ô Aleph des pluies
ta voix dans le jardin
est celle du soleil qui s’émiette à tes pieds

Éclair qui ne frappe pas mais brise légère de mes pas
ta voix est ce cri du soleil aux joues d’enfant
jouant dans le sable


ACTION NON-ACTION

La foi se fait aveugle
si on la laisse sommeiller…

J’ouvre mes blessures jusqu’à la pointe du soleil
la folie me gagne
quelle merveille voir dans l’obscurité
la figue mûrissant doucement puis tombant soudain
et pour toujours

Action non-action la foi est cette eau
où je m’abreuve
en buvant la route et le tombeau
d’un seul coup


LE PAROLIER DE LA RUCHE

Sur une route pierreuse
le parolier de la ruche est ta faim et ta soif
il est cette oreille que tu dresses
à la vue de la gazelle dans le sable
et cette main tendue vers le mirage
miré dans tes yeux ouverts sur
la mâchoire d’un cheval

Hennissement et monnaie payée d’avance
il est l’unique
habitant du fleuve déferlé de la respiration

Chien veilleur de sept eaux dormantes
me voilà devenu homme

C’est encore moi l’antique exilé de la ruche silencieuse
c’est encore moi cet Autre que tu portes en toi
sur une route arrosée d’aube

 

Denisa Crăciun
 

REVIENS-MOI

Je ne peux trouver le chemin vers toi
et je n’ai d’autre refuge
que dans ces vers que je verse comme des pleurs
sur le bleu velouté de ta peau

Reviens-moi vite beauté dispersée
des roses et des jonquilles

Demain tu fleuriras ma tombe


RÉVEIL

Borgne de l’œil du milieu
je dormais d’un sommeil aride
allongé sur un lit d’épines
et n’ayant d’autre souvenir
que la voix des mandragores

À mi chemin entre le jour et la nuit
le miel de tes lèvres
vient embaumer mes entrailles

Et l’œil se fait bouche
chantant le plus délicieux
des réveils


INCERTITUDE

Dans la pauvreté de mon exil
je suis un caillou roulé par le vent
Loin de la voix du saule pleureur
mon ancêtre
j’habite une citadelle en ruine
flanquée d’incertitude


RAVISSEMENT

Près de la mer parmi les taillis
psalmodie la cigale
ta prêtresse
ô Main silencieuse
cueilleuse
de mes jours des dattes enluminées
par le souffle
du soleil
que tu calligraphies
sur les abeilles
courbes
de la Terre


À QUI

À qui appartient cette tête ce trou
qui me déserte de tout zéphyr et
me fait oublier
le soleil le fruit la pluie
de la parole

Et à qui est-il ce palais
où par temps de chagrin ou de guerre
je me réfugie je me plie
comme un bout de langue
meurtrie


LES MOTS

Prisonnier de la blancheur
tu flottes dans une foule de mots translucides

Des lucioles enfouies dans la nuit
jaillissent d’un coup
comme une rivière laiteuse

Comme des fruits découpés par un coup de dés
les mots se rangent sages
près du pain et du vin dans la corbeille
du poème


Citește aici poezii din volumele: Estera, Incipit vita nova, Între sistolă și epistolă, Dies irae


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